Erika est née à Minsk en 1993. Arrivée en France à l’adolescence, elle tombe très tôt dans la photographie, activité qui lui permet de trouver une liberté dans la solitude. Dans sa chambre, elle passe des heures à prendre tout et n’importe quoi en photo. Son travail s’articule principalement autour de l’autoportrait, en argentique moyen format – qu’elle développe elle-même après avoir appris toute seule différentes recettes –, ou au Polaroid, support unique qui n’autorise personne d’autre à toucher ses images. Progressivement libérée de son côté psychorigide, elle oriente son travail vers le portrait, même si elle y voit une pratique détournée de l’autoportrait, dans la mesure où elle photographie exclusivement des gens dans lesquels elle se reconnaît, quels que soient leur genre, leur type ou leur corpulence. Elle fait des photos avec le cœur, parfois avec les tripes, sans jamais se libérer d’une sensation d’étouffement. D’une façon générale, son travail photographique dépeint des situations banales, sur lesquelles elle aimerait qu’on s’arrête plus souvent, sans réfléchir à leur signification profonde, pour mieux en vivre la légèreté primale. Il lui arrive de mettre ses images en scène, autant d’idées procurées par ses nombreuses lectures. Erika aimerait être la fille de Tarkovski et de Boulgakov, même si leur condition d’homme l’interdit. Ou pas.